Année : 2008
Réalisation : Greg McLean
Avec : Michael Vartan, Sam Worthington, Radha Mitchell
Une groupe de touriste, en Australie, part
visiter l'Australie sauvage sur un petit bateau ridicule que jamais tu
montes dessus toi, oui toi qui a entendu et ré-entendu "il nous faudrait
un plus grand bateau". Tout va bien dans le meilleur des mondes, les
vacanciers se rincent les mirettes grâce à des décors naturels tout à
fait splendides, quand ils aperçoivent une fusée de détresse, pas très
loin. Personne ne répond à la radio, la distance est estimée à trois
kilomètres, et c'est un peu à contre-coeur qu'ils se lancent à la
recherche de l'origine de cette fumée rougeoyante. Origine qu'ils
trouveront, submergée. Alors que le groupe constate la catastrophe, ils
se font bousculer, le bateau coule à moitié, une petite île est en vue,
ils s'y précipitent. Sans le savoir, ils viennent de poser les pieds sur
le garde-manger d'un crocodile aussi imposant qu'intelligent... et
affamé. La nuit tombe, et avec elle, la marée monte. Dans quelques
heures, l'île aura totalement disparu sous les flots.
McLean, ce nom vous dira peut-être quelque
chose. Son premier film, Wolf Creek, petit survival, n'était pas passé
inaperçu. Choc, voir barbare, poisseux, contemplatif, un travail sur
l'ambiance remarquable, un final mémorable, tout ça un peu entaché d'un
début un peu longuet. Pour ce deuxième film, le réalisateur australien
se trouve embarqué avec les Weinstein. On ne reviendra pas sur les
nombreux films que ces deux gros tâcherons ont tout simplement saboté
(coucou Abîmes, l'un des meilleurs films fantastiques de ces vingts
dernières années totalement passé inaperçu parce que pas assez
bankable), mais on a toutes les raisons de s'inquiéter dès le générique.
Soit, on se dit que le cut ne sera pas celui du réal, que peut-être
quelques personnages ont été imposé, et ce sans même avoir vu ce qu'il
se passe après l'écran-titre. Mais passons, n'y revenons pas, ne nous
énervons pas.
Première chose qui frappe, et qui rassure,
McLean est toujours aussi prompt à trouver des paysages somptueux. Le
début est marqué par des plans en hélico tout simplement grandioses, aux
couleurs éclatantes, sans doutes un peu aidées à l'étalonnage mais
terriblement dépaysantes. Et heureusement que ces plans sont là car, en
même temps, arrive une deuxième sensation qui va, comme la première,
baigner tout le long du film : l'interprétation est une catastrophe.
Pire, les personnages, dans leur ensemble, n'ont aucun relief, aucune
saveur, rien. On pourra se consoler en se disant qu'un film de ce genre
n'a pas besoin de pousser dans ce sens pour être bon, ce qui serait
oublier que là est la première qualité des Dents de la mer. Ou bien en
pensant qu'il s'agit là d'une critique du touriste, pas vraiment
impliqué dans cet environnement, plus passif et finalement meilleur
proie étant donné ses réactions, totalement stupides, en milieu hostile.
Mais rien, rien ne peut justifier l'antipathie que dégage Michael
Vartan. Outre le doublage de la VF à fuir le plus vite possible et qui
n'arrange pas les choses, il dénote complètement par un jeu
volontairement cynique, mais mal maîtrisé (mal dirigé ?) qui fait que
certaines scènes de tension peuvent se voir dévaluées par un simple
insert le faisant apparaître. Sa présence inexistante, ses mouvements
sans ampleurs, sa mono-expression qui ferait presque passer l'imbattable
Seagal pour un jeune premier de l'Actor's Studio, en bref il désert le
film par sa seule existence à l'écran.
Au-delà de ce choix de casting douteux, et ce
défaut d'écriture qui a visiblement survécu à Wolf Creek, on tient là
le meilleur film d'attaques animales depuis bien longtemps. Depuis le
chef-d'oeuvre de Spielberg ? Oui, sans doutes, tant ses descendants se
sont cantonnés à appliquer la règle du "plus loin, plus violent". Comme
dit plus haut, il ne faut pas compter sur une intelligence fondamentale.
Par contre, le principal est tout de même sauf : on flippe sévère.
Grâce à un ressort dramatique d'une efficacité redoutable : la marée.
Celle qui fait que le temps est compté, qu'on se précipite, qu'on
panique, qu'on échoue, qu'on meure. Associé à une nuit bien
photographiée et éclairée, avec son lot de brouillard qui renforce
l'ambiance, il instaure un suspens prenant pour une bonne partie du
film. toute cette partie est un modèle d'utilisation de l'environnement.
L'eau, toujours dans le cadre, découpant les personnages, comme une
menace lancinante, une approche en constante progression.
Puis, arrive le dernier quart, et un
enchaînement de bullshit assez rageantes. Le coup de la promise au héros
qui meurt, mais en fait non, la découverte de la tanière, tout se fait
avec un détachement assez déconcertant. Il suffirait de se laisser aller
pour prendre un total plaisir, mais beaucoup de choses sonnent
réellement faux. Jusqu'au final d'ailleurs, très sage et convenu.
Un film de croco effrayant, moins
porté sur l'attaque et ses dégâts que sur l'ambiance. Potentiel
excellent passablement foutu en l'air par une écriture paresseuse.
Dommage.
Trailer
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