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samedi 25 août 2012

[Critique] Malveillance

Titre : Malveillance (Mientras duermes)
Année : 2011
Réalisation : Jaume Balaguero
Avec : Luis Tosar, Marta Etura, Alberto San Juan, Pep Tosar


Cesar est un guardien d'immeuble serviable et attentionné. Très attentionné, au point qu'il connaît tout de la vie d'une des habitantes : Clara. Mais plus que la connaître, il l'épie, la harcèle avec la plus grande prudence et semble n'avoir qu'un but : détruire son bonheur.

Le Balaguero nouveau est arrivé, et il faut avouer qu'après un diptyque Rec (licence de retour très bientôt) réussi, il était attendu au tournant. Très attendu même, tant le bonhomme représente un certain espoir pour le cinéma d'horreur, bien mal en point quand Los sin nombres, son premier, a relancé la machine. Alors, les bonnes critiques ici ou là, n'hésitant pas à voir du Hitchcock dans la péloche, la participation du film a de nombreux festivals, tout promet. Et puis...

Malveillance, c'est tout ce qu'il ne faut pas faire réuni en un seul film. Vous avez sûrement eu de nombreuses discutions cinéphiliques où vous tentiez d'expliquer ce qu'est un mauvais scénario. Malveillance est le meilleur exemple pour faire simple et faire tourner court ce genre de débat houleux. C'est tellement chargé en nullité absolue qu'il est difficile de trouver par laquelle commencer.

Aller, parlons du début. Ce début qui perd totalement le spectateur en ne lui donnant pas une seule branche à laquelle s'accrocher. On y voit César, se réveillant, musique triste à base de piano. Puis, dans le même lit, on découvre Clara, qui elle se réveille avec une musique teenager californien. Les deux se croisent en bas, mais ne se connaissent pas. Bon, on a très vite compris où va aller le film, les ficelles sont tellement gigantesques... Seulement, et c'est là l'énorme différence avec Hitchcock, avec qui le film n'a rien en commun à part pour des blogueur ne connaissant visiblement pas leur sujet : c'est que Balaguero ne distille rien. Nada, walou, nichts sur le climat, sur le pourquoi du comment de ce qu'il se passe à l'écran. Les scènes se passent sans ne jamais rien dire ni influencer ce qu'il se passe tout simplement parce qu'on ne comprend rien, on ne sait strictement rien. Et ça, c'est tout ce qu'a toujours évité Hitchcock, bon sang.


Alors on voit un acteur, pas trop mauvais, faire des trucs et des machins pendant une heure. Genre mettre du produit dans le maquillage de la nana qu'il semble détester au plus haut point. Une voix off nous assure qu'il y a un plan, tandis que les jours se passent avec cet horrible facilité du jour indiqué. Facilité qui, de plus, se transformera en gros boulet tellement énorme que t'en chiale sur la fin : alors que les jours se passent dans une série de fondu, pouf l'histoire reprend puis hop là, on t'indique "vendredi" Mais bordel, de quelle semaine ? A quoi sert cette indication alors que la temporalité vient d'être bousillée froidement ?

Je m'emporte. Donc on nous assure qu'un plan est en action. Alors, on tente de s'accrocher, certaines informations arrivent, mais vu qu'absolument rien ne nous laisse présager en sous-texte d'une ambiance ou d'une menace (la patte de Hitchcock), on suit, par exemple, l'écriture de lettres de menace sans trop d'intérêt. Mais pire que ça, intervient un personnage sans aucune utilité, aucune. Une mioche, qui sait tout de l'affaire et qui servira de menace sur la fin, évidemment. Une utilité tellement limitée qu'on la sait trouvée uniquement pour soulager le réa avec une intrigue secondaire dans les moments les plus mous. Et mamma mia qu'ils sont nombreux !

Parce que bon, c'est bien beau de nous mettre un gars sous le lit d'une fille, la peur du grand méchant loup blabla, la peur de ce qu'il se passe autour de nous pendant le sommeil, c'est bien beau. Mettons de côté que le personnage, sans motif sous-entendu, ne représente donc aucune menace à l'image. Cette foutue première heure nous présente six jours. Six jours où se passe et se repasse et se rerepasse. Je ne doute pas que le fait de se brosser les dents avec une brosse qui a servi à un taré puisse faire peur, mais c'est bon, on a imprimé ! Déjà que tout semble d'une gratuité totale, en plus on doit se taper un film de papi radoteur ! Où est l'intérêt ?
Alors, pour nous rappeler qu'il est capable de bonnes choses, Balaguero nous sort de son huis-clos et nous emmène à quelques reprises dans un hospice, où notre psychopathe raconte jour après jour ses méfaits et sa volonté de détruire le bonheur de Clara. Bonne idée, poignante, la relation entre cet être maléfique et sa pauvre mère en fin de vie, qui souffre de ne pouvoir lui répondre tout le mal qu'elle pense de son fils indigne, est dramatiquement réussie. Ca n'apporte strictement rien d'autre, c'est même balancé aux ordures puisque le personnage disparaît sans prévenir aux deux tiers du film, mais passons.

Ca a dû vous interloquer, non ? Mais si, ça : sa volonté de détruire le bonheur de Clara. Vous vous dîtes que tout ne peut pas se résumer à ça, qu'une raison vicieuse doit être développée dans un twist de dingue avant qu'on sorte de la salle tout chamboulé. Ben non. Et pour enfoncer le clou, la seule fois où le personnage reparle de ses motivations, c'est au téléphone, en appelant une émission de radio style "Lahaie, l'amour et vous" ou "Difool". Et là, il se lâche, comme il ne peut être heureux, alors il veut détruire le bonheur de cette femme. Quelle puissance des émotions !


La puissance est-elle au moins au rendez-vous des deux ou trois séquences de tension ? Si on met de côté les situations totalement invraisemblables, oui. Mais genre, faut accepter le fait que notre gardien, piégé par l'arrivée du petit ami de Clara et se lançant dans une phase "metalgearienne", puisse passer devant les deux habitants qui ne soupçonnaient pas sa présence, courir jusqu'à la porte d'entrée, se faire rattraper par le petit ami avant de s'en tirer tranquillemet parce qu'il était "venu vérifier quelque chose". Genre normal, un type passe devant toi, en venant du côté de la chambre alors que les deux tourtereaux viennent de la quitter, mais ça va. Nan vraiment ça va. Et puis s'il est mouillé (il s'était caché dans la salle de bain, dans un moment assez tendu, Clara ouvrant l'eau mais restant derrière le rideau et ne voyant évidemment pas l'ombre du psychopathe de l'autre côté, logique), c'est parce qu'il a "réparé un tuyau" avant de rentrer comme ça dans l'appartement. Tout ça pour récupérer un sac rempli d'objets pas du tout suspects comme de la corde, un couteau de boucher, des seringues, un journal intime intriguant que Clara commence à lire avant d'être interrompu par son petit ami qui veut déjeuner. Nan vraiment, c'est logique qu'on le laisse partir tranquillement, avec une juste une petite remontrance. Vous en feriez de même, j'en suis sûr.

A part ce genre de conneries bien trop grosses pour ne pas nous faire sortir du film toutes les trente secondes (et je ne cite qu'une infime partie de tout ce qui vous fera hurler "mais naaaaan", le plus gros étant passé sous silence ici), il faut dire que la tension est palpable à certains moments. Quand elle n'est pas bousillée par l'utilisation de la musique à se faire une Van Gogh. Le piano "silenthillien", ça va un moment, faudrait pas abuser, là c'est limite si on ne nous inflige pas une partition hyper sombre quand le gardien va poser un cake. Et l'écriture du son ultra prévisible, classique au possible, qui désamorce même un ou deux effets sursauts... Bref, ce qui passait il y a dix ans au niveau sonore est devenu aujourd'hui un clicheton lourd et ennuyant.
Alors qu'on a perdu espoir, arrive le dernier tiers, qui creuse encore plus le trou béant du désintérêt. Bon point, un passage gore bien pêchu, qui confirme que le réalisateur est bien plus à l'aise quand ça bouge et ça saigne. A part ça, c'est le noir total, le néant. Le final, bercé d'un piano à gerber, souligne bien grassement, mais genre bien bien fort, ce qu'on a compris près de vingt minutes auparavant. En prenant un air grave, genre oula le twist cruel, alors que ce qui peut arriver à des personnages pour qui c'est empathie zéro, on s'en balance.

A maintes reprises sur de nombreux blogs et autres sites spécialisés, on a pu lire des comparaisons. On parlait de l'excellentissime Locataire, par exemple. C'est là, qu'est le vrai danger actuel. Car quand on en vient à s'emballer au point de comparer une daube comme ce Malveillance, qui ne fait aucun effort de mise en scène, de recherche du malsain, du détail qui tue, contrairement à un chef-d'oeuvre comme le Polanski, c'est vraiment que tout est entrain de se casser la gueule.


Trailer

Interview de Jaume Balaguero chez filmosphere, où l'on apprend qu'après Rec 4 il continuera (malheureusement) du côté du thriller et du suspens...


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