Année : 1992
Réalisation : Shozin Fukui
Avec : Hage Suzuki, Kyoko Hara, Onn Chan, Kyoko Hara
Pinocchio 964 est un androïde créé afin de
satisfaire les besoins sexuels de clientes bourgeoises. Abandonné après
avoir rendu de bien grands services, il fait la connaissance d'une jeune
sans-abri qui va le prendre sous son aile...
Le réalisateur, Shozin Fukui, est
musicien bruitiste punk à la base. Et tout porte à croire qu'il ne donne
pas dans le même style qu'un James Blunt. Son univers visuel, pour se faire une idée,
est entre Zulawski (on pense tout de suite à Possession) et Tsukamoto. A
cela, Fukui ajoute une bonne dose de William Gibson pour son univers
industriel organique, que Tokyo semble décidément incarner à la
perfection. On comprend donc qu'on va s'en prendre plein la vue, mais
pourquoi ? Visiblement, le réalisateur veut mettre le spectateur face à
la monstruosité de la victimisation de son personnage principal. Le film
reste plutôt sage jusqu'au rejet dont il est victime, mais quand ça
arrive...
Mieux vaut avoir les nerfs bien accroché
avant d'entamer le visionnage, vous êtes prévenus. Bien qu'étant très
loin des expérimentations anti-narratives (et c'est tant mieux), celle
de ce Pinocchio 964 test le spectateur, le pousse dans ses derniers
retranchements. Le but est simple, peut-être même simpliste : il faut
qu'on soit victime tout autant que l'androïde. Pour cela, on nous envoie
une droite dans la machoire, un coup de bottin sur le crâne. Les plans
épileptiques, le grand angle, l'ambiance sonore la plus dérangeante
jamais entendue à ce jour (une succession de cris abominables), on
termine l'heure et demie dans le même état que le robot : lessivé, à
bout de souffle après un arathon sans fin à travers Tokyo, à vomir bile
et sang. Et ce qui frappe le plus, alors que le générique vient comme
une véritable libération, c'est le total premier degré qu'utilise Fukui,
alors que ses SFX sont grossiers et que le propos est finalement vain
(oui on se sent mal à l'image du personnage principal... mais après ?).
Il est évident que le réa à plein de choses à dire, à régler avec le
spectateur, mais ici il s'est confronté uniquement au ressenti. Il
serait intéressant de le voir donner au fondamental un tout petit peu
plus d'importance.
Trailer
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