Année : 2010
Réalisation : Samuel Bayer
Avec : Jackie Earle Haley, Kyle Gallner, Katie Cassidy, Rooney Mara, Thomas Dekker
Meurtres à la Saint-Valentin, Prom Night,
Halloween, Vendredi 13, Black Christmas, le remake de slasher a
décidément le vent en poupe à Hollywood. Signe d'une incroyable crise
d'imagination qu'on essaie de cacher derrière des mots pompeux ("kikoo
c'est un reboot"), on ne peut pas dire qu'un seul de ces films s'en soit tiré avec un
minimum d'honneur. Les griffes de la nuit sera-t-il l'exception qui
confirme la règle ?
Donc, comment faire peur si on n'arrive pas à garder le spectateur sous la tension d'un visuel maîtrisé dans une structure propice au frisson ? En distillant des scènes choc ? Effectivement, mais même là, on ne peut qu'être déçu. Le fameux meurtre au plafond, si brutal dans le film de Craven, est ici un ratage complet et navrant tant il est traité à la va-vite, sans aucune force, encore une fois balancé comme pour respecter un cahier des charges de clins d'oeil à l'original. Et là où le Freddy de Craven pouvait s'appuyer sur un background qui en faisait un vrai masochiste, multipliant les plans d'auto-mutilation de fort belle manière, ici la même chose est encore traité sans conviction. Bayer tente même de piller le Halloween de Carpenter (voir même son Fog, pour un plan bien précis qui parlera aux fans), sans aucun succès. Sans doute que le réalisateur pensait que la grosse nouveauté du scénario allait faire l'affaire, mais c'est ce qui enterrera une fois pour toutes ce bien mauvais film
Quelle est donc cette nouveauté ? Eh bien, l'époque des croquemitaines purement mauvais, sans autre mobile que le Mal absolu, comme le Myers de Carpenter, est révolue. Aujourd'hui, Hollywood a besoin de trouver des raisons sur tout et avant tout. Ici, on fait de Freddy un pédophile, ça facilite la vendetta de la petite ville et ça conforte le spectateur en lui donnant une raison de détester le Mal, autre que les actes à l'écran. Volonté certainement dictée par un esprit incapable de croire en la moralité naturelle de son époque. Triste constat.
Passons très vite sur la trame qui reprend,
dans les grandes lignes, la même que le classique signé Craven. Les plus
grandes séquences sont donc revisitées à la sauce Bayer, clipeur
confirmé (notamment le "Zombie" des Cranberries et le "Smells like teen
spirit" de Nirvana) parachuté par un Bay producteur. En
gros, il est légitime d'avoir peur, très peur, et ce ne sont pas les
premiers instants du film qui rassureront. Tout de suite, la situation
est claire : on va avoir droit à une vraie brochette de personnages
caricaturaux. Le grand châtain baraqué, la blondasse bonnasse, la
brunette introvertie, l'ex-boyfriend un peu vénére et son pote
introverti qui se rapprochera, bien entendu, de la brunette. Tout ça
respire Hollywood a plein nez. Et ne comptez surtout pas sur
l'interprétation pour faire oublier tout le côté prévisible que ces
personnages portent en eux.
Bref, ça commence comme une catastrophe. Et très vite, on
nous balance des CGI, histoire que le spectateur qui sent déjà venir la
grosse la grosse arnaque au bout de dix minutes de métrage (véridique),
se sente un peu flatté. Malheureusement, ces artifices, aussi propres
soient-ils, n'arriveront jamais à faire avaler une pilule bien trop
grosse pour être ingurgitée. En effet, l'intérêt de ce remake (ou
reboot, ou ce que vous voulez) s'envole dès qu'on se rend compte que le
film continuera, jusqu'à la fin, d'utiliser les ficelles de la série
sans même essayer de les ronger, de les malmener, de donner une proposition qui puisse justifier un tel projet. Pire même, on sent quelques reprises,
comme la fille dans le sac plastique, traînée sur quelques mètres,
n'être là que pour dire "eh, t'as vu le fan on s'est pas foutu de toi",
sans même faire attention à ce que l'effet de peur soit au
rendez-vous...
La peur est un sentiment difficile à
maîtriser au cinéma, et pour encourager cette sensation, il faut faire
preuve d'une vraie vista d'écriture, et ne surtout pas trop sentir la caméra. C'est pourquoi utiliser un
clipeur est encore une grande idée de la part de Bay, ce génie.
Certaines scènes sont au panthéon de l'incompréhensible, comme celle où Jesse sort en courant de la maison
dans laquelle un meurtre vient d'être commis. Une simple course de ce
type devient une véritable douleur visuelle, au montage perdant
littéralement le fil de l'action, son sens. Un exemple cruel de tout
ce qu'il ne faut pas faire au cinéma, mais qui passe sans doute mieux
(ceci n'est pas un sarcasme) dans 4 minutes de clip...
Donc, comment faire peur si on n'arrive pas à garder le spectateur sous la tension d'un visuel maîtrisé dans une structure propice au frisson ? En distillant des scènes choc ? Effectivement, mais même là, on ne peut qu'être déçu. Le fameux meurtre au plafond, si brutal dans le film de Craven, est ici un ratage complet et navrant tant il est traité à la va-vite, sans aucune force, encore une fois balancé comme pour respecter un cahier des charges de clins d'oeil à l'original. Et là où le Freddy de Craven pouvait s'appuyer sur un background qui en faisait un vrai masochiste, multipliant les plans d'auto-mutilation de fort belle manière, ici la même chose est encore traité sans conviction. Bayer tente même de piller le Halloween de Carpenter (voir même son Fog, pour un plan bien précis qui parlera aux fans), sans aucun succès. Sans doute que le réalisateur pensait que la grosse nouveauté du scénario allait faire l'affaire, mais c'est ce qui enterrera une fois pour toutes ce bien mauvais film
Quelle est donc cette nouveauté ? Eh bien, l'époque des croquemitaines purement mauvais, sans autre mobile que le Mal absolu, comme le Myers de Carpenter, est révolue. Aujourd'hui, Hollywood a besoin de trouver des raisons sur tout et avant tout. Ici, on fait de Freddy un pédophile, ça facilite la vendetta de la petite ville et ça conforte le spectateur en lui donnant une raison de détester le Mal, autre que les actes à l'écran. Volonté certainement dictée par un esprit incapable de croire en la moralité naturelle de son époque. Triste constat.
Pour finir, parlons du grand brûlé. Là
encore, le constat est catastrophique. Le maquillage rapproche ce
nouveau Freddy d'un réalisme contre-nature, tant l'exagération de
l'original lui conférait une force d'évocation qui, justement, donnait
au film la saveur slasher qu'on adore tous. Ici, on se retrouve face à
un Scarecrow en mieux budgété, plus pourri que brûlé, mais qui jamais n'arrive à la cheville du
charisme de l'original. Trop lisse, trop propre, et sa voix n'a plus rien d'inquiétante. N'en jetez plus, ce reboot est une daube, mais
ça a cartonné alors on aura à en répondre face à la suite prévue pour
2012 aux dernières nouvelles. Si les Mayas ne nous ont pas sauvé avant.
Trailer
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